法国隔离日记——睡美人的梦

法国隔离日记——睡美人的梦

2021-04-21    07'14''

主播: 法语猫Elodie

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介绍:
法语原文: Le « Journal du confinement » de Leïla Slimani, Jour 1 : « J’ai dit à mes enfants que c’était un peu comme dans la Belle au bois dormant » Par Leïla Slimani Publié le 18 mars 2020 à 21h08 - Mis à jour le 19 mars 2020 à 07h58 Lecture Dans le premier article du journal qu’elle tiendra dans « Le Monde », la romancière raconte sa sidération. Jour 1. Cette nuit, je n’ai pas trouvé le sommeil. Par la fenêtre de ma chambre, j’ai regardé l’aube se lever sur les collines. L’herbe verglacée, les tilleuls sur les branches desquels apparaissent les premiers bourgeons. Depuis vendredi 13 mars, je suis à la campagne, dans la maison où je passe tous mes week-ends depuis des années. Pour éviter que mes enfants côtoient ma mère, il a fallu trouver une solution. Nous nous sommes séparés, sans savoir dans combien de temps nous nous reverrions. Ma mère est restée à Paris et nous sommes partis. D’habitude, nous remballons le dimanche soir. Les enfants pleurent, ils ne veulent pas que le week-end se finisse. Nous les portons, endormis, dans la cage d’escalier de notre immeuble. Mais ce dimanche, nous ne sommes pas rentrés. La France est confinée et nous restons ici. je me demande si je n’ai pas rêvé. ça ne peut pas être. cela ressemble aux histoires qu’on invente à hollywood, à ces films que l’on regarde en se serrant contre son amoureux. Tout s’est arrêté. Comme dans un jeu de chaises musicales. Le refrain s’est tu, il faut s’asseoir, ne plus bouger. Un, deux, trois, soleil. Tu as perdu, il faut recommencer. D’un coup, le manège a cessé de tourner. Il y a une semaine, je faisais encore la promotion de mon dernier roman. Je me réjouissais de rencontrer des lecteurs dans les librairies de France. Certains disaient, « Je vous fais la bise, ça n’a jamais tué personne », et d’autres se moquaient de moi quand je refusais les selfies ou les poignées de main. « On ne va quand même pas croire à ces conneries », ai-je entendu. Il faut bien y croire puisque c’est là, puisque nous voilà cloîtrés, calfeutrés. Puisque jamais l’avenir n’a paru aussi incertain.